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"Etre moi toujours plus fort". Stéphane Lambert se penche sur le dessin de Léon Spilliaert - Bilan

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Mort en 1946, le Belge a tout dit dans ses oeuvres de jeunesse. Un symbolisme d'une extrême noirceur. Le livre aurait dû accompagner une exposition qui se fait attendre.

Autoportrait au miroir de Léon Spilliaert.

Crédits: DR.

Le livre aurait dû s’intégrer à un ensemble, un peu à la manière d’un support promotionnel. «Etre moi, toujours plus fort» de Stéphane Lambert se retrouve aujourd’hui pris le cul entre deux chaises. Cet opuscule est bien sorti de presse en avril. Mais cette variation autour de l’œuvre et de la personnalité de Léon Spilliaert (1881-1946) n’accompagne plus aucune exposition. Comme le furet de la chanson, la pandémie est passée par là. La Royal Academy, qui a bien ouvert les feux le 23 février, a surgelé cette présentation graphique, proposée tout en haut du bâtiment dans la Sackler Wing. Aujourd'hui rouverte, elle dure jusqu’au 20 septembre au lieu du 25 mai. Le Musée d’Orsay fait donc le pied de grue. Il n’accueillera les fragiles aquarelles du Belge qu’à partir du 13 octobre. L’exposition parisienne se terminera, si tout va bien (ce qui n’est pas dit), le 10 janvier 2021.

Si les Anglais ne connaissaient guère ce peintre important que de nom, il n’en va pas de même pour les Français. En tant que vétéran, je me souviens ainsi de la superbe rétrospective consacrée à ce symboliste particulièrement sombre au Musée de la Seita, aujourd’hui disparu. La galerie a fermé en 2000. Vous pensez! Un lieu dédié primitivement au tabac! Les visiteurs fricotaient là avec le grand Satan. La politique culturelle s’y révélait pourtant à la fois audacieuse et intelligente. Depuis lors, Orsay a acheté un superbe autoportrait de Léon Spilliaert daté de 1903. L’artiste s’est en effet beaucoup représenté lui-même, comme Edvard Munch. Le spectateur peut lire là toutes les angoisses d’un homme encore jeune miné par la maladie. Il y a notamment souvent sur la tempe une veine gonflée qui en dit long.

Une double approche

Stéphane Lambert nous propose une double approche avec son petit bouquin. L’écrivain se met dans la peau du personnage, ami de l’ombre dans les nuits d’Ostende. L’auteur raconte aussi sa découverte de l’artiste, dont les principaux fonds graphiques restent difficilement consultables. Pas de tableaux à l’huile. Juste de grandes feuilles apparemment noires et blanches, où la couleur joue pourtant son rôle. Un peu de jaune. Un rien de vert. Un soupçon de rouge. De quoi semer davantage de trouble encore chez le regardeur. Décidément la prospère Belgique des années 1900 aimait à déconcerter. Il y avait les masques de James Ensor, un voisin et ami de Spilliaert à Ostende. La Bruges vraiment morte de Fernand Khnopff. Les visages hallucinés de Jean Delville. Les parcs déserts de William Degouve de Nuncques. A côté le surréalisme de René Magritte et de Paul Delvaux ferait presque sage.

L'autoportrait de 1903 acquis par le Musée d'Orsay. Photo DR, RMN, Paris 2020.

Dans sa préface, Stéphane Lambert pose la bonne question. Spilliaert le fantôme a fini par s’installer à Bruxelles, s’y marier et devenir père de famille. Le tout entouré de fidèles amis. Le bonheur, apparemment. Ce qu’il a peint à partir de 1914 offre peu d’intérêt. «Un mystère cependant demeure: le génie qui caractérisait les visions de ses débuts semblait l’avoir quitté.» Cela dit, on pourrait déclarer la même chose d’Ensor et de Khnopff (voire même de Munch). La messe est souvent dite avant 40 ans. Les cas de Claude Monet, de Giovanni Bellini, du Greco ou de Paul Cézanne constituent presque des exceptions. La révélation tardive ne constitue pas la norme. Il n’y a d’ailleurs, parmi les illustrations de «Etre moi toujours plus fort» qu’une seule pièce réalisée après 1909. Des troncs d’arbres. Un codicille.

Pratique

«Etre moi-même toujours plus fort», de Stéphane Lambert, aux Editions Arléa, 116 pages.

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July 19, 2020 at 10:01PM
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