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Attentat de «Charlie Hebdo» : «Personne ne devrait mourir pour un dessin» - Le Parisien

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Dessinateur de presse et auteur de BD, notamment « L'Affaire des affaires » avec le journaliste Denis Robert, Yan Lindingre, 51 ans, officie aujourd'hui au Canard enchaîné, à l'Est Républicain et à Siné mensuel après avoir été le rédacteur en chef de Fluide Glacial pendant six ans. En 2016, en réaction à l'attentat de « Charlie Hebdo », il a créé au Festival international de la bande dessinée Angoulême le prix « Couilles au cul », au titre volontairement provocateur, récompensant des dessinateurs de presse menacés dans leur pays. Il continue aujourd'hui à défendre le droit à l'impertinence, tout en reconnaissant des limites.

Comment avez-vous vécu les assassinats à «Charlie» ?

YAN LINDINGRE. Je préparais le 40e numéro de Fluide. Des dessinateurs de « Charlie » devaient y participer et j'avais rendez-vous avec Wolinski dans l'après-midi. Un dessinateur, Lefred-Thouron, m'a appelé pour me dire qu'il se passait quelque chose à « Charlie ». Le pire, dans les premières heures, c'était l'incertitude.

Et ensuite ?

L'incompréhension… et la trouille. Ceux qui disaient « même pas peur », faut pas déconner ! Tous les journaux avaient peur d'être la prochaine cible. Il a fallu des semaines pour que ça se calme.

Vous y repensez souvent ?

Oui, je suis encore sous le coup. Ce n'est pas du tout réglé. Je ne comprends pas comment des gens aussi bêtes ont pu décimer autant de talents en quelques secondes. C'est tellement disproportionné…

VIDÉO. Attentats de janvier 2015 : de «Charlie» à l'Hyper Cacher, 3 jours qui ont marqué la France

Est-ce que ça a changé votre façon de travailler ?

Au début, on faisait un peu plus attention. Mais aujourd'hui, je travaille avec la même liberté de ton, y compris sur la religion. Mais vous savez, je commence déjà par m'adapter au lectorat du journal. Ensuite, je propose plusieurs dessins et c'est la rédaction en chef qui décide. Et parfois, comme ça m'est arrivé il n'y a pas longtemps, un coup de ciseaux peut censurer un dessin…

Est-ce que le métier de dessinateur de presse est devenu plus dur ?

Ce qui a changé, c'est le regard des gens sur cette profession plutôt en perte de vitesse. Tout à coup, après Charlie, tout prenait des proportions incroyables. Le moindre dessin était débattu, commenté et devenait sujet à polémique. Comme si on lui attribuait des superpouvoirs… Ça reste un peu vrai aujourd'hui : au Canard, on peut recevoir une quarantaine de lettres sur un dessin.

Vous comprenez ceux qui disent « ils l'ont un peu cherché quand même à Charlie» ?

C'est parfaitement inaudible ! Personne ne devrait mourir pour un dessin. C'est affreux ce qu'ont vécu les dessinateurs de « Charlie » et ce que les survivants continuent à vivre. Au pire, ça doit se régler devant la 17e chambre correctionnelle (NDLR : spécialisée dans les affaires de presse). Il faut de l'impertinence. On est juste des rigolos, des gratte-cul… Cela fait partie intégrante de la culture française. Après, il faut faire attention à ne pas faire d'un thème qui fait vendre un fonds de commerce.

Pourquoi avoir créé le prix «Couilles au cul» ?

La première année, il y a eu un prix pour « Charlie » à Angoulême. Puis plus rien, parce qu'il paraît que c'était trop dangereux… Moi je voulais montrer qu'il y a dans le monde des dessinateurs de presse courageux qui risquent tous les jours de se retrouver en prison, ou pire, pour un dessin. En France, malgré « Charlie », je crois qu'on a su garder notre liberté d'expression.

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September 02, 2020 at 12:15PM
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